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L’un des dirigeants du Hezbollah, Ibrahim Aqil, tué dans une frappe israélienne près de Beyrouth

L’opération israélienne menée vendredi 20 septembre près de Beyrouth confirme le déplacement, voire l’extension du conflit au Proche-Orient. Ibrahim Aqil, un haut responsable du Hezbollah, a été tué dans une frappe de l’armée israélienne sur la banlieue sud de la capitale libanaise
« Des avions de combat de l’armée de l’air israélienne ont effectué une frappe ciblée (…) éliminant Ibrahim Aqil, chef de l’unité des opérations du Hezbollah, commandant de l’unité Radwan », a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée de l’Etat hébreu. Il a ajouté qu’une « dizaine de commandants » du Hezbollah, « responsables des tirs de roquettes quotidiens » sur Israël, avaient été tués dans le raid.
Le mouvement libanais a confirmé dans la soirée la mort d’Ibrahim Aqil, « un de nos grands dirigeants », tué « sur la route de Jérusalem », selon la formule utilisée par le Hezbollah pour désigner les victimes d’Israël. Une source proche du mouvement chiite a dit plus tôt qu’Aqil avait été tué « lors d’une réunion avec des commandants ».
Les Etats-Unis avaient offert une récompense de 7 millions de dollars (6,25 millions d’euros) pour toute information sur Ibrahim Aqil, qui était recherché par Washington pour son implication dans les sanglants attentats anti-américains de Beyrouth en 1983.
Il s’agit du deuxième haut commandant militaire du Hezbollah éliminé par l’Etat hébreu depuis que l’organisation pro-iranienne a ouvert le front du sud du Liban il y a près d’un an, en soutien au Hamas palestinien dans sa guerre contre Israël dans la bande de Gaza.
Quatorze personnes ont péri dans l’attaque, et soixante-six autres ont été blessées, dont neuf grièvement, selon le ministère de la santé libanais, qui a souligné que les secouristes s’attendaient à découvrir davantage de victimes sous les décombres. Un photographe de l’Agence France-Presse présent sur le lieu de la frappe a vu un immeuble effondré et des personnes évacuant des victimes au milieu de scènes de chaos.
Cette attaque est la plus meurtrière sur un quartier de Beyrouth depuis qu’Israël et le Hezbollah se sont livrés une guerre sanglante qui a duré un mois en 2006
« Le ciblage d’une zone résidentielle peuplée prouve une fois de plus que l’ennemi israélien ne tient compte d’aucune considération humanitaire », a dénoncé le premier ministre libanais, Najib Mikati. Le Hamas a condamné une « agression violente et terroriste » et l’Iran une « violation flagrante (…) de l’intégrité territoriale » du Liban, alors que l’armée israélienne a assuré ne pas rechercher « une large escalade » dans la région.
« Nos ennemis n’ont aucun lieu où se réfugier, pas même la banlieue [sud de] Beyrouth », a déclaré le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, décrivant la frappe qui a visé Ibrahim Aqil comme faisant partie d’« une nouvelle phase de guerre ».
« Très inquiète », l’Organisation des nations unies (ONU) a appelé, vendredi, à la « désescalade » et à la « retenue maximale ».
Ce raid constitue un nouveau coup dur pour le Hezbollah après une série d’explosions meurtrières, imputées à Israël, ayant visé, mardi et mercredi, des systèmes de transmission qui ont fait trente-sept morts et près de 3 000 blessés.
Le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, a annoncé le dépôt d’une plainte auprès du Conseil de sécurité de l’ONU à la suite de « l’agression cyberterroriste israélienne qui constitue un crime de guerre ».
Le droit international « interdit » l’utilisation d’appareils « piégés » ayant l’apparence d’objets « inoffensifs », a lancé, vendredi, devant le Conseil de sécurité, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk. « C’est un crime de guerre de commettre des violences destinées à propager la terreur parmi les civils », a-t-il ajouté.
Les gardiens de la révolution, l’armée idéologique de l’Iran, ont promis « une réponse écrasante du front de la résistance », le nom donné par Téhéran aux groupes armés de la région hostiles à Israël.
Depuis jeudi, les échanges de tirs se sont intensifiés entre l’armée israélienne et le Hezbollah. L’Etat hébreu a ainsi annoncé, vendredi, qu’environ 140 roquettes avaient été tirées du Liban vers son territoire à la mi-journée. Le mouvement islamiste a revendiqué des tirs de roquettes sur plusieurs sites militaires israéliens, dont une base des renseignements, alors que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait assuré, jeudi, qu’Israël allait recevoir « un terrible châtiment » après les deux vagues d’explosions.
Jeudi soir, Israël avait multiplié les raids aériens dans le sud du Liban, sans commenter les frappes effectuées dans cette zone, ni à l’est du Liban, bastions du Hezbollah. Mais l’Etat hébreu a dit dans la semaine qu’il étendait ses objectifs de guerre jusqu’au front nord, c’est-à-dire la frontière avec le Liban, pour permettre le retour chez eux de dizaines de milliers d’habitants israéliens déplacés par les violences.
Les principaux objectifs affichés jusqu’à présent étaient la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et le retour des otages retenus dans le territoire palestinien depuis l’attaque du 7 octobre 2023 sur le sol israélien.
« Vous ne pourrez pas ramener les habitants du Nord » chez eux, a rétorqué Hassan Nasrallah. « Le front du Liban avec Israël restera ouvert jusqu’à la fin de l’agression à Gaza », a-t-il affirmé.
Pendant ce temps, les bombardements se poursuivent sur l’enclave palestinienne assiégée, où deux frappes israéliennes ont fait au moins quatorze morts vendredi matin, selon la défense civile. L’une d’elles a visé une maison du camp de Nousseirat, faisant huit morts, tandis que six personnes, dont des enfants, ont été tuées dans le bombardement d’un immeuble dans la ville de Gaza, selon cette source.
Le Monde avec AP et AFP
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